A qui profite le crédit peu cher ?

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A 2,52 % en moyenne en octobre, le coût du crédit immobilier bat un nouveau record à la baisse. Cette bonne nouvelle pour l’économie pourrait devenir demain un défi pour les banques.

Le mouvement est sans surprise, mais n’en est pas moins historique. En moyenne ( sur tous les crédits de 15 à 25 ans), les taux de crédit immobilier ne sont plus que de 2,65% (hors coût des assurances) au troisième trimestre, estime le baromètre Crédit Logement/CSA. La jauge n’était jamais tombée aussi bas. En rythme mensuel, le mouvement est encore un peu plus marqué avec une moyenne d’à peine 2,52% en octobre. Depuis le début de l’année, les taux ont ainsi perdu 49 points de base (0,49%).

Pour la première fois depuis longtemps, ces conditions commencent, enfin, à profiter aux plus jeunes. Dans le détail de la production suivie par le baromètre, les taux supérieurs à 3,5 % ont pratiquement disparu à fin septembre. Ils ne représentent plus que 1,7 % de la production contre, encore, 13,8 % il y a à peine huit mois. A 2,6 % de la production de crédit en septembre, le taux variable poursuit, par ailleurs, sa descente aux enfers car plus les taux sont faibles, plus les emprunteurs privilégient le fixe.

Un des derniers moteurs

Maintenant que le crédit très bon marché s’installe, faut-il s’en réjouir pour l’économie française ? Face à des entreprises qui investissent moins et une consommation qui cale, le « crédit immo » est de fait l’un des derniers moteurs de croissance. « A elle seule, la baisse des taux aura fait plus pour soutenir la conjoncture et redynamiser les marchés privés que tous les dispositifs publics actuels d’incitation et d’aide », souligne le baromètre.

Les jeunes enfin invités à la fête

Les plus jeunes – qui cherchent à acheter leur premier logement – ont généralement un apport faible et doivent emprunter sur une plus longue durée. Or les prêts supérieurs à 25 ans avaient jusqu’à présent tendance à se raréfier. Cette tendance commence – timidement – à s’inverser. A fin septembre, les banques ont accepté d’accorder aux moins de 35 ans des prêts longue durée dans 23,5 % des cas. Cette proportion n’était que de 20,5 % au début de l’année 2014.

Cette influence du crédit mérite tout de même d’être nuancée. A des taux si faibles, une bonne partie de la production correspond en réalité à des renégociations de prêts déjà contractés. « L’an dernier, elles ont représenté jusqu’à 35 % de la production de crédits. Nous sommes actuellement à 40 % », souligne Jean-Marc Vilon, directeur général de Crédit Logement. Or ces renégociations sont sans effet sur l’économie « réelle ». Derrière celles-ci ­– qui n’apparaissent pas dans les statistiques du baromètre – il n’y a, en effet, ni déménagement ni dépenses d’équipement.

L’autre grande question concerne la capacité des banques à tenir une telle cadence. Pour le moment, elles prêtent bon marché tout en maintenant leurs marges. Mais demain, lorsque les taux remonteront, ce stock de dettes à taux réduit ne risque-t-il pas de se transformer en boulet pour les établissements de crédit ?