Cabanes à 20.000 euros : les nouvelles résidences secondaires

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Véritable phénomène aux États-Unis, les «tiny houses» connaissent un succès croissant en France. Mobiles, écologiques et peu chères, elles séduisent les hippies chic, et désormais bien au delà.

«Vivre dans un petit habitat, ce n’est pas simplement avoir une micromaison, (…) c’est également faire ce qui vous rend heureux, poursuivre vos objectifs, vos rêves», assure Ryan Mitchell, créateur du site américain thetinylife.com.( littéralement la mini-vie). Une nouvelle façon d’être libre, puisque ces petites cabanes réenchantent le mythe de la route, très fort aux États-Unis. De la roulotte des pionniers ou fous des camping-cars géant. Mais cette fois, la maison est en bois, zen.

Les propriétaires de ces maisons forment une véritable communauté active, plutôt écolo. Ces nouveaux hippies chic défendent la tiny house comme une nouvelle philosophie de vie et content ses effets positifs sur moult sites Internet. Entre propagande et conseils pratiques, pour inciter les indécis à sauter le pas.

Vue de la mezzanine. (Crédit: Thomas Jouanneau/ Signature)
 

Une origine disputée

Outre-Atlantique, ce mouvement est né grâce à Jay Shafer, Gregory Paul Johnson, Shay Salomon et Nigel Valdez, fondateurs de la «Small house society», qui a pour but de «supporter toutes les recherches, les développements et les utilisations de plus petits espaces de vie», précise le site. Devenus des militants sociaux, ces anciens professionnels de l’urbanisme et de la conception de maison se sont lancés dans cette aventure en 2002. Les ravages provoqués par l’ouragan Katrina, en 2005, et la crise économique de 2008 ont largement contribué à rendre célèbre les «tiny houses» car elles offraient à ce moment un habitat à moindre coût et rapidement disponible.

Cabanon de Le Corbusier
 

Cependant, certains pourraient considérer que la première micromaison est né en 1952 à Roquebrune-Cap-Martin, dans le département des Alpes-Maritimes, des mains du célèbre architecte et urbaniste, Le Corbusier, et de son collaborateur, Fernand Gardien. Ensemble, ils ont construit un cabanon avec l’objectif d’y installer tout le nécessaire pour vivre dans un minimum d’espace. Toutefois, à la différence de la plupart des «tiny houses» américaines, cette maison est fixe.

Un micro-cottage aux Etats-Unis. (Crédit: Susanne Nilsson/Flickr/CC)
 

Plusieurs utilisations possibles

En France, ces petites maisons sont aux prémices de leur histoire. Michaël Desloges, cofondateur du sitelatinyhouse.com, fait partie des rares qui ont fait de la construction des micromaisons leur métier. D’abord convoitées par les nostalgiques de la cabane dans les bois, ces mini-maisons attirent maintenant de nouveaux résidents. «Avec l’explosion du prix des logements, la tiny house arrive au bon moment. Les personnes ne veulent plus louer pour 500 ou 700 euros par mois. Ces maisons leur permettent de ne pas payer de loyer et les charges à l’année sont très faibles», analyse-t-il.

Un habitat utilisable en toute saison (Crédit: Tammy Strobel/Flickr/CC)
 

Mais à le croire, ce n’est pas qu’une question d’argent. «Il n’y a pas de profil type chez les acheteurs, cela concerne des gens en quête de décroissance, des envies de nomadisme ou encore vouloir agrandir sa maison en y ajoutant une dépendance pour y accueillir ses parents ou pour les enfants», explique l’ancien boulanger, qui a déjà vendu deux maisons et en prépare quatre nouvelles. Pour une «tiny house» de 15 à 18 m² où l’on peut vivre à deux, les prix varient de 18.000 à 30.000 euros avec environ 300 à 400 euros de charge par an.

Version française de la micromaison avec le Mont Saint-Michel en fond. (Crédit: Thomas Jouanneau/ Signature)
 

Des limites juridiques contraignantes

Toutefois, le monde merveilleux des micromaisons connaît certaines limites légales. Le code de la route prévoit que la largeur sur les routes ne peut pas excéder 2,55 mètres et limite aussi le poids. «Les États-Unis ont beaucoup moins de normes que nous, il est possible de construire des maisons de quatre ou cinq tonnes, alors qu’en France nous sommes limités à 3,5», critique le constructeur.

De plus, la micromaison peut rester trois mois maximum au même endroit s’il s’agit d’un camping ou d’un terrain municipal autorisé comme pour les caravanes. Il n’y a pas de limite de temps pour un terrain privé mais attention seul un conducteur disposant d’un permis de conduire de catégorie E pourra déplacer la maison.

Une micromaison américaine (Crédit: Mark Moz/Flickr/CC)
 

Enfin, le propriétaire peut devenir éligible à la taxe dite «cabane de jardin», qui s’applique pour tout les espaces de plus de 5 m² avec une hauteur sous plafond d’au moins 1,80 mètre. Entrée en vigueur en 2012, son taux est fixé par le conseil général du département et par la commune mais certaines mairies ne l’ont pas mise en place la trouvant injuste.

Un sentiment de liberté

Mais au au-delà de toutes ces questions légales et pratiques, la micromaison reste avant tout un moyen de s’évader. D’un espace habitable supplémentaire pendant l’année, elle peut devenir une résidence principale le temps des vacances. Isolation, double vitrage et renouvellement de l’air sont prévus dans la plupart des maisons et du fait de sa petite taille un simple radiateur électrique ou un petit poêle à bois suffiront à la chauffer.

Un habitat pour découvrir de nouveaux espaces(Crédit: Tammy Strobel/Flickr/CC)
 

Un chauffe-eau à ventouse est également prévu dans la salle de bain et pas d’inquiétude à avoir pour l’électricité puisque que la maison est déjà câblée. Une source d’énergie extérieure est néanmoins nécessaire sauf à installer des panneaux solaires sur le toit.

Fin prête à affronter les routes et les climats, c’est le moment de choisir sa destination ou d’affronter l’inconnu. Le temps de poser la micromaison là où règne la nature, là où rien n’entrave la vue. Pour s’offrir une trêve.