Ce que l’orientation des rues de Paris nous dit de son histoire

(Source et article complet sur Slate.fr)

La géométrie de la capitale nous raconte les principaux épisodes de son développement.

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Ceci est une carte visant à révéler l’orientation des rues de Paris. Si elle paraît sophistiquée, sa matière première n’en est pas moins sommaire: les tracés de voies du projet OpenStreetMap.

La couleur d’une rue dépend de son angle sur une échelle de 0 à 90°: deux teintes ont été utilisées, jaune-orangé et magenta, et elles sont d’autant plus claires que l’on se rapproche de l’axe méridien (Nord-Sud) ou parallèle (Est-Ouest). Cet éventail de couleur est organisé de façon à ce que deux rues perpendiculaires aient la même couleur et à ce qu’une rue qui «perturbe» un quartier bien ordonné ait une couleur différente.

Certaines formes sur la carte, par le jeu des couleurs et des juxtapositions, ont éveillé ma curiosité. Simple géomaticien, peu rompu à l’histoire et à l’urbanisme, je me suis réduit à détailler le procédé de fabrication de la carte sur mon blog. Plus tard, je me suis lancé dans un travail d’investigation afin de tenter de la comprendre.

De manière générale, Paris s’est développée par à-coups. Ses différentes enceintes en sont la trace. Un réseau de rues peut se développer progressivement à partir d’un axe de circulation en de multiples ramifications, tel les nervures d’une feuille. Il peut aussi être bousculé par des évènements politiques, historiques.

1/LA CARTE REGARDEE DE LOIN.

Convergence

À l’instar d’un tableau, une carte dévoile des choses différentes selon la distance à laquelle on la regarde. Voyons ce que nous réserve une vision globale de la carte.

Par son jeu de lignes, l’ossature de Paris nous rappelle constamment à son berceau, l’île de la Cité. Cette île vit la naissance de Lutèce, en 52 av. J.C., après la victoire de Jules César sur Vercingétorix. À mesure que l’on s’en éloigne, les voies semblent régies par d’autres polarités. Le déplacement dans l’espace suit celui du temps.

Parallèles

Les rues épousent souvent des parallèles aux voies navigables: la Seine et ses canaux. Ces derniers ont constitué une épine dorsale à partir de laquelle s’est développée la ville.

L’historien du XVIIIe siècle Jules Michelet qualifiait d’ailleurs la Seine de «grande rue»: ses rives accueillaient, jusqu’au XIXe siècle, moulins, abattoirs, tanneries, établissements de bains, blanchisseries, pompes à eau, activités de pêche. Jusqu’à l’arrivée du chemin de fer, les deux tiers environ de l’approvisionnement de Paris arrivaient par la Seine.

Cardo Maximus

A l’intérieur de l’enceinte Charles V (XIVe siècle) et de l’enceinte de Philippe-Auguste(XIIIe siècle), dont les périmètres figurent sur l’image ci-dessous, le réseau de rues est largement perpendiculaire.

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