Le livre de Cécile Duflot agite le Landerneau politique

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La charge de l’ancienne ministre contre François Hollande et Manuel Valls fait grincer des dents et lui attire des réactions peu amènes.

L’ancienne ministre du Logement Cécile Duflot attaque violemment François Hollande – le « président de personne » – et Manuel Vallsdans un livre où elle raconte ses deux ans au sein du gouvernementAyrault, à paraître le 25 août. « Faute d’avoir voulu être un président de gauche, écrit l’ancienne ministre du Logement, il n’a jamais trouvé ni sa base sociale ni ses soutiens. À force d’avoir voulu être le président de tous, il n’a su être le président de personne. Cela n’est pas une question de tempérament, c’est la conséquence d’une succession de choix souvent inattendus et, parfois, incohérents entre eux. »

C’est peu dire que cette charge au vitriol a été fraîchement accueillie, jusque, et y compris, dans le propre parti de la députée de Paris. L’ancienne patronne du parti s’est défendue devant la presse : c’est « mon devoir de sincérité, peut-être que certains n’ont pas l’habitude en politique ». « Ce ne sont pas des petites phrases, c’est un bilan », a ainsi assuré l’ancienne ministre du Logement, qui ajoute ne pas s’épargner elle-même dans ce livre à paraître le 25 août. « Je n’ai jamais été celle qui choisit le confort », assène encore la députée de Paris, ajoutant que le « petit cercle des commentaires ne (l)’a jamais accablée ni dérangée ».

Quelques instants plus tôt, Emmanuelle Cosse la secrétaire nationale d’EELV tentait d’éteindre l’incendie en appelant à « élever le débat ». La patronne des écolos a jugé « bien » qu’elle ait publié ce livre, « c’est un bon retour d’expérience », a-t-elle déclaré à la presse. « Ce que les Français attendent des écologistes ce sont des réponses concrètes, a-t-elle dit, c’est là dessus que je veux que nous nous attelions. »

Des écologistes réservés

Au sein d’un parti divisé depuis que les écologistes ont refusé de participer au gouvernement de Manuel Valls, Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes, a déploré sur BFM TV un « jugement extrêmement sévère » contre le président, ajoutant qu’il faut « évite(r) les stigmatisations, les procès d’intention » pour « aller vers l’unité ». « Il y a quelques mois, nous participions encore au gouvernement, nous sommes aussi, de fait, comptables de ce bilan-là », a déclaré le sénateur qui n’était pas favorable à la sortie des Verts du gouvernement.

« La loi sur l’énergie, pour nous, c’est ça le gros sujet de la rentrée », a lancé pour sa part François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l’Assemblée nationale. S’il n’a pas encore lu le livre, il espère cependant y trouver les explications « du choix d’abord personnel d’avoir quitté le gouvernement ».

« Une faute politique » (PS)

Plus sévère, Luc Carvounas, secrétaire national aux relations extérieures du PS, présent à Bordeaux a jugé auprès de l’AFP que le livre de Cécile Duflot « ne s’adresse pas aux Français, c’est une stratégie interne au parti à vouloir avoir une ligne majoritaire ». Le socialiste parle d' »une faute politique dans le contexte actuel », « à un mois des élections sénatoriales où chacun sait qu’il sera compliqué de garder cette chambre haute à gauche ». Et le responsable socialiste de rappeler « l’accord de novembre 2011 qui a permis aux écologistes d’obtenir deux groupes parlementaires ».

Au sein même du gouvernement, le livre a provoqué quelques réactions. La charge est jugée inélégante par son ancienne collègue Fleur Pellerin : « Je n’aime pas trop cette façon, très rapidement après avoir participé à un collectif. On peut être déçu, avoir des reproches à faire », mais « les exposer à des fins politiques à un moment où il va y avoir à nouveau des échéances électorales, je trouve que c’est assez peu élégant ». (sur Europe 1)

De son côté, la ministre des Sports Najat Vallaud-Belkacem, invitée ce jeudi matin sur BFM TV, a regretté « la posture choisie par Cécile Duflot, car c’est un manque de considération envers la fonction de ministre qu’elle a exercée, envers ses collègues du gouvernement ». « Je crois que c’est un manque de considération, y compris envers les Français eux-mêmes, elle qui prétend les réconcilier avec la politique », a notamment déclaré Najat Vallaud-Belkacem.

Enfin, Cécile Duflot n’a pas plus convaincu Florian Philippot, vice-président du FN : « Si vraiment c’était l’enfer de vivre dans ce gouvernement, je ne vois pas bien ce qu’elle y a fait pendant deux ans. Quand on donne des leçons à ce point, et qu’on a pris la soupe aussi longtemps, et qu’on n’a pas été exemplaire soi-même – sa loi est une catastrophe -, on est appelé à un peu plus de modestie. » (sur RTL)