L’immobilier aussi fait appel au financement participatif

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Après la musique, les jeux vidéo ou des petits commerces de quartier, c’est au tour de l’immobilier de se mettre à l’heure du financement participatif. Anaxago, une des dix plates-formes françaises proposant aux internautes d’investir dans le capital d’entreprise, lance une offre uniquement dédiée à la pierre.

Le principe est simple : des promoteurs immobiliers présélectionnés font appel aux particuliers afin qu’ils participent au financement de leur programme. Une fois celui-ci achevé et les lots vendus, ils se partagent les bénéfices.

« Nous répondons à un double besoin. Celui des épargnants, qui cherchent àdiversifier leurs investissements, et celui des promoteurs, qui ont de plus en plus de mal à trouver les fonds propres nécessaires pour lancer leurs projets ou pour faire face à l’allongement des délais de commercialisation », explique Joachim Dupont, un des fondateurs d’Anaxago.

La Fédération des promoteurs immobiliers abonde. « On entend partout que le marché est inondé de liquidités et pourtant nous avons de plus en plus de mal àtrouver des financements. Le crowdfunding est un moyen innovant d’y faire face », souligne François Payelle, son président.

NOUVEAU MODE DE FINANCEMENT

Avant de lancer cette offre, Anaxago avait fait un test, en mars, avec la société montpelliéraine Kalelithos. Son directeur général n’en revient toujours pas : « En seulement quarante jours, nous avons levé 1,8 million d’euros auprès d’une cinquantaine de personnes. Un montant supérieur à ce que nous escomptions et dans un délai bien plus rapide », raconte Olivier Cantrel.

L’idée de faire appel à la « foule » pour financer des projets immobiliers n’est pas nouvelle. Wiseed, un concurrent d’Anaxago, a lancé ce concept il y a plus de deux ans. Et cela fait 18 mois que Lymo.fr, un promoteur de la région toulousaine, lève des fonds de cette façon.

« Dans ce métier, le promoteur doit apporter 20 % du montant de l’opération, sinon la banque n’accepte pas de financer le projet. Nous avons donc clairement besoin de fonds propres », explique Jean-Baptiste Vayleux, un des dirigeants de Lymo.fr. Le site a récolté un peu plus de 900 000 euros depuis son lancement, pour cinq opérations. Surtout, il vient de boucler deux d’entres-elles, ce qui lui a permis de rembourser les investisseurs et de leur verser les 10 % d’intérêts promis.

RENDEMENTS ÉLÉVÉS

Car pour attirer les particuliers, les promoteurs ne comptent pas seulement sur la passion des Français pour la pierre, ils promettent des rendements mirobolants. « Ce niveau élevé se justifie par la prise de risque », souligne M. Vayleux. Le dérapage des coûts lors du chantier, ou la difficulté à vendre tous les lots sont autant d’indésirables qui peuvent venir diminuer le rendement potentiel, même si tous assurent que le risque de perte en capital serait limité.

« Ce secteur d’activité est très encadré et régi par de nombreuses normes et obligations, ce qui nous permet, en France, d’avoir un taux de casse extrêmement faible, rappelle M. Payelle. De plus, nous ne démarrons les programmes que lorsque nous avons précommercialisé la moitié des lots. A ce niveau, il est alors quasiment impossible de perdre de l’argent sur un programme. »

Pour limiter encore les risques, Anaxago, qui promet entre 6 à 12 % de rendement selon la durée de l’opération, a noué un partenariat avec un groupe spécialisé dans l’assurance de promoteurs immobiliers. C’est lui qui effectue un premier filtre dans la sélection des projets. Un filtre nécessaire, car comme le montre Anaxago, qui devrait bientôt proposer aux particuliers les projets d’une demi-douzaine de promoteurs, les candidats se pressent au portillon du financement participatif.