(Québec) Plus de cinq ans après son annonce, l’écoquartier de la Pointe-aux-Lièvres verra finalement pousser un premier immeuble d’importance. Et tout un : la plus haute tour en bois massif en Amérique du Nord. Avec 13 étages, l’immeuble de 94 condos est «un signal fort pour l’utilisation du bois», s’est réjoui le maire de Québec, Régis Labeaume.
Ce véritable premier pas du futur écoquartier rêvé par l’administration Labeaume depuis plusieurs années a nécessité 18 mois de travail pour obtenir les autorisations de la Régie du bâtiment.
Le prix de départ pour les condos sera de 189 000 $. Le projet évalué à 25 millions $ pourrait commencer à lever de terre dès la fin de 2015.
«Tous les producteurs de bois voient l’espoir d’une percée nouvelle. C’est une belle fierté», a lancé M. Labeaume à propos du projet Origine, dont les maquettes ont été dévoilées mardi matin.
Ce projet de 25 millions $ le long de la rivière Saint-Charles en basse ville est mené par le consortium NEB formé par le constructeur EBC, Nordic Structures Bois (Chantiers Chibougamau) et le promoteur immobilier Synchro.
Obtenir l’aval de la Régie du bâtiment a pris plus de 18 mois, a dit l’architecte du projet, Yvan Blouin. L’immeuble a eu le feu vert après avoir répondu aux normes en matière de sécurité, d’étanchéité et de solidité, notamment en cas d’incendie.
Cette «première nord-américaine» fait la démonstration qu’un «édifice de cette envergure dépasse tous les objectifs du Code du bâtiment en matière de sécurité», a dit le directeur du développement des affaires pour Nordic Structures Bois, André Huot.
«Aujourd’hui, notre ambition devient réalité», a poursuivi celui selon qui Origine deviendra une carte de visite «vue et observée partout dans le monde».
«On s’attend à avoir énormément de visiteurs qui vont venir voir comment on fait ça», a-t-il dit.
Sur le plan environnemental, l’utilisation du bois massif permet, dit-on, de réduire jusqu’à 60 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport au béton.
Le prix de départ pour les condos sera de 189 000 $. Chaque unité sera chauffée au gaz naturel et sera dotée d’un plancher chauffant et d’une chute à déchets «intelligente» permettant le tri des matières résiduelles.
Cet immeuble est le premier gros morceau de cet écoquartier promis depuis 2010 par l’administration Labeaume. Le projet a connu du retard notamment parce que la firme qui avait remporté l’appel d’offres en 2012, la société immobilière Leboeuf, a abandonné en octobre 2013, incapable de livrer la commande dont la première phase prévoyait 275 unités d’habitation. La Ville de Québec lui a repris le projet des mains pour distribuer les lots à différents promoteurs.
Dépassée par la Norvège
À 13 étages, l’immeuble en bois qui devrait commencer à lever de terre d’ici la fin de l’année est le plus haut en Amérique du Nord. Déjà, en octobre 2013, le maire Régis Labeaume disait souhaiter voir pousser à Québec la plus haute tour à structure en bois au monde. À l’époque, on parlait de 12 étages.
En juillet, la Norvège a toutefois doublé Québec en lançant la construction d’une tour de 14 étages. Construite à Bergen, la tour Treet est de 49 mètres, alors que celle de Québec atteindra 40,9 mètres.
À Vancouver, un immeuble de bois de 16 à 18 étages abritant notamment des résidences pour étudiants a été proposé par l’Université de la Colombie-Britannique qui espère voir le projet évalué à 30 millions $ se réaliser pour septembre 2017.
L’opposition, pas impressionnée
L’opposition à l’hôtel de ville de Québec n’a pas été impressionnée par ce premier pas de la réalisation de l’écoquartier. «Une tour de bois ne fait pas un écoquartier», a dit le chef de l’opposition, Paul Shoiry. «On annonce un autre immeuble à condos. Je reste sur mon appétit. On est toujours en attente. Ce qui fait un écoquartier, ce sont les mesures pour faciliter les déplacements, la gestion des matières résiduelles, l’eau, les espaces verts», a-t-il énuméré.
Sa collègue, la conseillère Anne Guérette, abonde dans le même sens. «On annonce des buildings, mais on a hâte que nos citoyens puissent vivre dans de véritables écoquartiers.»