Cela veut dire un marché immobilier qui évolue dans un sens favorable -enfin- aux locataires et à ceux qui veulent acheter un appartement ou une maison. Coup sur coup, quelques indicateurs sont tombés pour leur redonner le moral. Hier, c’est l’Observatoire Clameur -référence dans ce domaine- qui a indiqué que, depuis le début de l’année, les loyers reculent dans 80% des villes françaises. Reculent légèrement, mais reculent quand même. Fin février, les notaires ont montré que les prix de l’immobilier à l’achat ou à la vente se sont eux aussi tassés l’an dernier, de plus de 2%. Il faut même être plus précis : en trois-quatre ans, les prix ont reculé de plus de 7%. Fin 2014, le prix du mètre carré est repassé à 8.000 euros à Paris -je sais, le chiffre paraît fou, et il l’est vu de Niort, de Gap ou de Lille. Voilà pour les chiffres mais qu’est-ce que cela nous apprend ? Que le bon sens revient un peu sur un marché devenu aberrant. Economiquement, ce qui est intéressant est que ces évolutions se font alors que les taux d’intérêt sont ridiculement bas et qu’on commence à parler de reprise économique. Ces tassements -croisons les doigts- pourraient donc être structurels. Dernier témoin positif à relever : ce que l’on appelle le taux de mobilité des locataires. En clair, la proportion de logements qui changent de locataire en une année. Avant la crise de 2008, 29 à 31% des logements tournaient chaque année ; depuis la crise, autour de 26-27% -parce que les locataires ne déménageaient pas, ne changeaient pas de boulot ou ne cherchaient pas à s’agrandir. En ce moment, on revient à 29%. Voilà pour les hirondelles de printemps.
Mais évidemment, il ne faut pas crier victoire trop tôt !
Non, parce qu’il y a encore énormément de chemin à faire et que ce chemin est semé d’embuches avant que l’on revienne à une situation acceptable pour tous. Les prix de l’immobilier, même tassés, restent à des niveaux élevés dans les villes. Je vous donne un chiffre : si on rapporte les prix aux revenus des Français (en pourcentage), la comparaison nous renvoie à la veille de la guerre de 1914. Pour acheter, on consacre une part considérable de nos revenus, que l’on n’a pas connu donc depuis presque un siècle. Comme la population française augmente toujours, que la vie s’allonge, que l’on vit plus souvent seul, que l’on garde un logement grand même quand les enfants partent, il faudrait construire davantage, transférer en régions davantage d’activités économiques aujourd’hui en Ile-de-France ou nous forcer à habiter des logements plus petits. On n’y est pas. Pour l’instant, l’immobilier repart dans une meilleure direction mais il est toujours cul par-dessus tête.