Une nouvelle vie à la campagne grâce à l’opération «New Deal» en Auvergne

(Source et vidéo)

Deux semaines après la naissance de son troisième enfant, Jean-Baptiste Eswald a troqué son appartement parisien contre une maison à Chamalières, dans la banlieue chic de Clermont Ferrand. La première édition, en 2012, du «New Deal en Auvergne», une opération lancée par la région pour attirer de jeunes actifs sur son territoire, est tombée à pic pour cette famille parisienne: «Avec l’arrivée de notre troisième enfant, nous pensions quitter Paris, mais n’avions pas d’idée de destination précise. Nous savions que nous voulions plutôt nous installer au sud de la Loire, mais franchement l’Auvergne, on avait même oublié que ça existait!», reconnaît le jeune père de famille.

C’est par les médias qu’il entend parler de l’intiative auvergnate. La région offre le logement, à hauteur de 1500 euros sur trois mois, durant la période d’essai des nouveaux arrivants. Et pour faciliter les installations, un site Internet regroupe chaque année une centaine d’offres d’emploi d’entreprises de la région, qui peinent à recruter en raison d’une population vieillissante. «J’ai postulé chez Limagrain, le deuxième employeur auvergnat après Michelin, et j’ai été embauché. Je suis d’abord parti tout seul. Le financement de la région m’a permis de ne pas payer de double loyer, alors que ma famille était restée à Paris. À la fin de ma période d’essai, ils ont déménagé à leur tour».

Une ville «cosmopolite et accueillante»

Le bilan est aujourd’hui plutôt positif pour la famille Eswald. Un logement beaucoup plus grand, un travail qui plaît à Jean-Baptiste, de nombreuses possibilités de ballades qui séduisent ces amoureux de la nature, une population clermontoise «cosmopolite et accueillante»… Seul hic: les possibilités d’emploi pour sa femme, spécialisée en développement RH, sont nettement plus rares qu’à Paris. «Elle cherche sans succès depuis un an. Si cela devait s’éterniser, nous serons contraints de déménager à nouveau, du côté de Lyon par exemple. Il est important pour nous de nous épanouir chacun dans notre travail. Ma femme ne se voit pas femme au foyer…», explique Jean-Baptiste.

Pour la région, le bilan est en revanche clairement positif. Les deux premières éditions du New Deal, qui véhiculent une image dynamique de la région, ont permis l’installation en Auvergne de 220 personnes, dont 33 enfants, se félicite René Souchon, président du conseil régional. L’année dernière, 4000 CV sont parvenus sur les bureaux des responsables ressources humaines des 95 entreprises partenaires. Parmi elles: Michelin, Limagrain, Allianz ou encore Crédit agricole. Les postes à pourvoir sont pour la plupart qualifiés, et variés. Les entreprises locales recherchent psychologues, avocats fiscalites, ingénieurs d’affaires ou encore acheteurs aéronautiques. Dans un contexte national morose, l’Auvergne peut en effet se féliciter d’avoir vu son taux de chômage baisser sur un an, à 8,6% de la population active contre 9,7% en France.

Reprise d’un restaurant gastronomique

La région ne se cantonne cependant pas à l’arrivée de nouveaux salariés, et s’attache à revitaliser son tissu commercial local. Parallèlement aux 100 offres d’emplois proposées, la région a mis cette année en jeu 100 «box New Deal» qui ont vocation à favoriser la reprise d’entreprises. Les volontaires bénéficient d’un soutien juridique et comptable et comme les salariés, du financement de leur logement.

Rémy Michelas, jeune chef de 25 ans, vient ainsi de reprendre le Bourbon, l’un des restaurants gastronomiques d’Yssingeaux, en Haute Loire. «L’appui financier de la région m’a permis d’obtenir un financement bancaire, de me former à la comptabilité… Six mois après la reprise, j’ai six salariés et j’ai déjà dépassé mes objectifs prévisionnels», se réjouit-il. La région sait que l’un ne va pas sans l’autre: malgré le désir affirmé des jeunes actifs de vivre à la campagne, ils fuient les régions qui ne leur offrent pas les services auxquels ils sont habitués. C’est d’ailleurs l’une des sources de satisfaction de René Souchon: les 37.000 nouveaux habitants qu’accueillent aujourd’hui chaque année l’Auvergne ne s’installent pas seulement autour de Clermont-Ferrand, mais aussi et même surtout dans les zones rurales.