Voilà quelques années maintenant que les prix de l’immobilier baissent à Metz, que la bulle se dégonfle tel un ballon de baudruche après la fête. Et tant mieux, se sont consolés les professionnels de l’immobilier local pour qui le marché redevenait « plus sain », « plus raisonnable », « en rapport avec la réalité ». L’an dernier, la baisse atteignait son niveau plancher, assuraient-t-il. Mais voilà, les prix ont continué à s’effriter en 2014, de l’ordre de 5% à 10%, voire 20% pour les produits de moindre qualité ou moins bien situés. Et rien n’indique un changement de tendance pour 2015.
On a perdu monsieur tout le monde
La faute au contexte économique, aux banques frileuses, aux acheteurs qui préfèrent continuer à louer attendant des prix encore moins chers, « à la baisse des aides pour le neuf et surtout aux annonces contradictoires » du gouvernement en faveur des investissements locatifs, expliquent à présent les spécialistes. « La crise immobilière est avant tout une crise de confiance », rappelle l’un d’eux. Le profil type de l’acheteur pour le neuf, selon Céric Lavaud, responsable des transactions à l’agence Sorec Immobilier, est « un monsieur tout le monde qui anticipe sa retraite, souhaite protéger ses proches et maîtriser sa fiscalité ». Ce monsieur s’est » retiré du marché ».
Des ventes cash inexpliquées
Désormais, les spécialistes « naviguent à vue » avec, parfois, de belles surprises. Ainsi, Thierry Benedic, PDG de la société Trimco-Groupe Benedic, a fait cinq ventes cash en novembre dernier pour des investissements mais aussi pour des résidences principales alors que « l’argent n’a jamais été aussi peu cher ». Par exemple, cet appartement de 70m², dans une résidence de standing, rue Venizélos à Montigny-lès-Metz, acheté 145 000 € par un monsieur qui travaille dans la grande distribution: « L’acquéreur s’installe à Metz et y emménage en résidence principale. Il a payé comptant. C’est un achat de raison « , commente Kevin Boileau, le vendeur. « Les gens qui le peuvent veulent avoir un toit payé sur la tête » et puis « les placements n’ont jamais été aussi peu rémunérateurs ». Cependant, la pierre n’est plus LA valeur refuge comme c’était le cas il y a encore trois ans avec « un marché bancaire vascillant et des produits toxiques ». Alors? « Il n’y a pas de vérité en immobilier. Et cela est encore plus vrai aujourd’hui. »
Le prix moyen sous la barre des 170 000 €
L’érosion des prix est générale à Metz et ses environs. Le prix de vente moyen des appartements et maisons est passé sous les 170 000 €. Mais les écarts sont importants selon la qualité et la situation des biens. Exemples.
77 300 €
Rue de Reims, à Montigny-lès-Metz, un F3 a été vendu environ 1 100 €/m² par l’agence Benedic : « La vendeuse, enseignante en fin de carrière, cherchait un appartement avec ascenseur et balcon. Ce que n’avait pas ce F3 », décrit le consultant Kevin Boileau. Le bien, en rez-de-chaussée surélevé, des années 1960, sans stationnement, a mis 15 mois à se vendre. Affiché à 112 000 €, estimé entre 85 000 € et 90 000 €, il s’est finalement vendu à 77 300 €. « Il n’y a eu qu’un seul client : un retraité qui voulait loger son fils. Il a payé cash », précise le vendeur.
125 000 €
L’agence Sorec Immobilier a vendu un appartement de 83 m² dans une résidence de cinq étages datant des années 70’rue aux Arènes à 125 000 €, soit 1 500 €/m². Doté d’un grand balcon, d’un ascenseur et d’une place de parking, il a été acheté par un couple de primo-accédants d’une vingtaine d’années qui louaient à Metz. Ce bien a mis deux ans à se vendre. Au départ, il était annoncé à 149 000 € (près de 1 800 €/m²) dans une autre agence.
145 000 €
À Montigny-lès-Metz, rue Venizélos, Kevin Boileau de l’agence Benedic a vendu un appartement de 70 m² avec balcon, terrasse, garage en sous-sol à 145 000 €, soit un peu plus de 2000 €/m². « Le vendeur avait acheté ce bien pour défiscaliser. L’acquéreur qui travaille dans la grande distribution y emménage en résidence principale ». Lui aussi a payé cash. « C’est un achat de raison dans une petite copropriété de standing ».
170 000 €…
à 200 000 € : « C’est la fourchette des prix des chalandonnettes de Marly, qui, il y a sept ans, valaient encore 240 000 € », signale Cédric Lavaud, responsable des transactions à l’agence Sorec Immobilier.
180 000 €
À Montigny-lès-Metz, dans le quartier des Friches, à Moulins-lès-Metz, on trouve des petites maisons de ville, mitoyennes, autour des 180 000 €. « Avant 2007, elles se vendaient entre 230 000 € et 240 000 € », intervient Cédric Lavaud.
199 200 €
Un couple d’une quarantaine d’années vient d’acheter un appartement de trois pièces en cours d’achèvement dans le programme neuf Le Lancaster à Marly au prix de 199 200 €, soit plus de 2 900 €/m². Le bien dispose d’un box et d’une place de parking : « Il s’agit d’un investissement locatif », précise Cédric Lavaud de l’agence Sorec. Il a été mis en place dans le cadre du dispositif de la loi Pinel qui remplace la loi Duflot et qui permet de défiscaliser en louant du neuf.
255 000 €
L’agence Sorec a également vendu un appartement F5 de 113 m² sans garage, rue Pasteur à Metz pour 255 000 €, soit 2 250 €/m². Le couple d’acquéreurs, trentenaires, jusque-là locataires rue Rabelais, a déménagé 400 m plus loin « dans un appartement quasiment identique », commente l’agence : immeuble bourgeois des années 1930 avec haut plafond et parquet en chêne. « Ce profil n’est pas habituel. Ils ont attendu d’avoir suffisamment épargné pour pouvoir financer leur achat ».