Immobilier : le marché commence à se réveiller à Paris

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C’est un frémissement. La baisse des prix et celle des taux de crédit ramènent les acheteurs dans les agences. Mais avec circonspection. Les ventes se font après mûre réflexion.

Une éclaircie. Après une fin d’année 2014 très calme, le marché parisien frémit. Les taux des crédits immobiliers très bas et la baisse des prix redonnent du pouvoir d’achat aux familles. En un an, les prix de la pierre ont reculé de 2,8 %, tombant en janvier à 7930 €/m² en moyenne (-6,2% en trois ans). Le marché est en réalité très contrasté. Le prix des beaux appartements dans des immeubles de qualité baisse peu. En revanche, les biens avec défauts (premier étage, mal agencés…) partent avec une décote de 10 à 20 % ou plus. «Pour un même appartement dans un même immeuble on constate parfois un écart de prix de 2 000 €/m2 entre le premier et le troisième étage», souligne Roger Abecassis, président de Consultants Immobilier.

Les prix vont continuer à baisser. Le prix au mètre carré passera, en mai, à 7830 €/m², estiment les notaires en se basant sur les avant-contrats signés. Côté ventes, 2015 pourrait être meilleur que l’an dernier. «30.000 à 35.000 logements pourraient être vendus contre 28.000 en 2014 , mais les investisseurs ont quasiment déserté», estime Gilles Ricour de Bourgies, président de la Fnaim du Grand Paris.

Ier, IIe, IIIe et IVe: des acheteurs ultrasélectifs

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Au cœur de la capitale, les évolutions se font par petites touches, même si les notaires ont enregistré fin 2014 une baisse très sensible des prix (- 9,4 %, à 8570 €/m²) au sein du quartier Bonne-Nouvelle (IIe). Pour Nathalie Naccache, à la tête de cinq agences Century 21 Fortis Immo dans les Ier, IIe et IIIe arrondissements, 2015 a plutôt bien démarré. «Nous percevons un début de reprise d’activité depuis le début de l’année, souligne-t-elle. Et l’activité se répartit sur tous les types de transactions: des investissements, des achats-ventes et même des achats d’appartements familiaux.» Une situation qu’elle explique par la baisse des prix alliée à des taux bas et à la frustration de certains clients après plusieurs années passées à différer leur projet immobilier.

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Elle note aussi avec plaisir le retour des transactions dépassant le million d’euros. Son réseau vient ainsi de vendre un 5-pièces de 132 m², situé boulevard Sébastopol, au 5e étage avec ascenseur et balcon filant moyennant 1,1 million d’euros (8300 €/m²). Pas d’enthousiasme débordant pour autant: «Il n’y a pas pléthore de clients, mais ils sont décidés: ils veulent profiter des prix et des taux bas.»

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Les marges de négociation ont pu atteindre 20 % voire 30 %. Un studio de 30 m² en étage élevé dans la rue Chapon (IIIe) a ainsi vu son prix fondre de 20 % à 228.000 € (7600 €/m²). Ces efforts sur les prix permettent de faire déboucher des transactions qui s’éternisaient: bon nombre des ventes étaient sur le marché depuis plus de 3 mois. Avec ses agences situées du côté de Montorgueil et du Marais, Mehdi Bourgeois, directeur associé à la Boutique de l’immobilier, observe des tendances assez proches. «C’est assez mou du côté de la demande, estime-t-il, mais les clients qui entrent sont vraiment intéressés et avec un projet.» Mais lui n’a pas encore retrouvé le niveau d’activité des belles années: «Nous fonctionnons encore en dents de scie et les étrangers ne sont toujours pas de retour.» Tous ses clients actuels réclament des vues et des étages élevés et sont prêts à en payer le prix. Il a vendu pour 1,67 million d’euros (9300€/m²) un appartement de 180 m², rue du Mail (IIe), au 4e étage, à rénover et restructurer dans un très bel immeuble. Un 2 pièces de 32 m², rue Poissonnière, au 5e étage sans ascenseur est parti pour 260.000 € (8125 €/m²). Situé au 2e étage avec ascenseur dans la rue des Gravilliers, un 57 m² sur rue et cour s’est quant à lui vendu à 630.000 € (11.000€/m²).

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