La saisissante baisse de prix de l’immobilier dans les campagnes

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D’ici la fin de l’année, les prix immobiliers dans l’ancien auront reculé de 7% par rapport à leur pic de 2011. Mais dans certaines zones rurales, la chute est bien plus spectaculaire.

Manuel Valls avait annoncé au congrès de la Fnaim, qui rassemble environ 13.000 agents immobiliers, plusieurs mesures de simplification des transactions immobilières. Mais rien de révolutionnaire. Révélateur de son impuissance face à la crise du secteur, essentiel pour la croissance et… l’emploi.

C’est la troisième année d’affilée que le logement est en recul: les prix dans l’ancien en France devraient encore baisser de 1,9% cette année, ce qui portera à 7% la chute des prix depuis le pic de 2011. « La nouveauté, c’est que si la baisse reste contenue entre -3 à -5% dans les agglomérations, elle atteint 10 à 15% dès qu’on s’éloigne de 20 kilomètres des villes », explique le président du Conseil supérieur du notariat, Pierre-Luc Vogel. Et en pleine campagne, c’est pire: « On vend des maisons à 15.000 euros dans le Cher », témoigne ce notaire. Le nombre des transactions aussi diminue: dans l’ancien, les ventes devraient atteindre tout juste 725.000 unités cette année, contre une moyenne de 800.000 entre 2000 et 2011. Et dans le neuf, en deux ans, les ventes d’appartements ont baissé d’un tiers, celles de maisons, de moitié!

Gains de place

Jusqu’ici, chaque baisse des prix avait fait revenir les acheteurs, comme en 2008-2009. Cela avait suscité un rebond des ventes, qui avait lui-même fait repartir les prix: +40% sur Paris et sa banlieue en 2010-2011. La baisse actuelle aurait d’autant dû relancer le marché que les taux des crédits ont baissé d’un demi-point en un an, et que le pouvoir d’achat immobilier des ménages s’est amélioré. Une famille peut s’acheter, aujourd’hui, avec la même mensualité, 8 m² de plus qu’en 2012 à Strasbourg (soit 80 m²), 13 m² de plus à Toulouse (soit 77 m²) et même 22 m² de plus à Nantes (soit 83 m²)! Pourtant, les transactions restent au point mort.

Est-ce le début de l’éclatement de la «bulle» de l’immobilier ? Après tout, les prix de la pierre ont progressé de 70% de plus que les revenus. Et la France n’a pas subi de krach immobilier, comme en Grande-Bretagne, aux USA et en Espagne. C’est que « les banques ont financé le logement très souvent au-delà de sa valeur, avec l’idée, dangereuse, que la montée des prix financerait le crédit », explique Jean-Paul Betbèze, économiste à Betbeze Conseil. En France, rien de tel avec des banques prudentes, frileuses mêmes. Les transactions répondent donc à d’autres lois que le crédit facile. Notamment au moral des  ménages. Or, assure Pascal Beuvelet, président du réseau de courtiers en prêts immobiliers In&Fi, « le sentiment général ne pousse pas à se lancer dans un achat qui engage sur une vingtaine d’années ».

La conséquence? Les Français ne bougent plus. Les propriétaires ne vendent que lorsqu’ils y sont obligés. Et les locataires n’espèrent plus devenir, un jour, propriétaires. « Leur mobilité résidentielle est passée de 28,3 en 2007 à 23,8%. C’est une baisse sans précédent », constate Michel Mouillart, professeur à l’université de Paris-Ouest. L’acheteur est devenu… un oiseau rare. Tout naturellement, les professionnels s’attendent donc à une poursuite de la baisse des prix l’an prochain, mais en pente douce. Manuel Valls, aura bien du mal à relancer la machine, lui qui, ce matin,  s’est donné comme objectif de « lever toutes les incertitudes qui retardent les mises en œuvre de projets »…